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Les origines de Rome essai de définition

2.041 Words / ~4 pages sternsternsternsternstern_0.5 Author Lilli M. in Jan. 2011
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History

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Université de Genève

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2010

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Les origines de Rome (XVIe-VIe s. av. J.-C.) :

Entre mythes et réalités


La naissance de Rome a fait l’objet de nombreux travaux autant chez les Anciens que chez les Modernes. La documentation à ce sujet se compose principalement de sources littéraires. Parmi ces multiples récits mythiques, la tradition canonique reste la plus ancrée, étant reconnue par les Romains eux-mêmes[1]. Selon la tradition, Romulus est affilié à Enée; et un Grec, nommé Evandre, se serait établi sur le Palatium dix ans avant l’arrivée d’Enée.

Cependant, il n'existe plus ni présence humaine, ni ville lorsque Romulus arrive sur le site de la future Rome, mis à part quelques bergers et leurs moutons.


L’étude des sources antiques, fait ressortir de nombreux problèmes notamment sur trois aspects : l’existence de Romulus, la date exacte et le lieu de la fondation de Rome. Denys d’Halicarnasse[2] répertorie les différentes théories sur Romulus. Ainsi ce dernier est parfois présenté comme le fils d’Enée, parfois comme son petit-fils ou encore comme son descendant lointain avec toute la généalogie royale.

Selon Denys, Romulus est un descendant d’Enée et, pour appuyer ses dires, il cite un poète très peu connu et bien antérieur à Virgile qui parle d’un certain « Romolos[3] ».


Deux dates délimitent la période probable pour la fondation de Rome. La date mythologique de la Guerre de Troie autour de 1180[4] et la date, relativement sûre et fiable, de la chute des Rois en 509. La fondation de Rome oscille donc entre ces deux dates. Ainsi, si l’on convertit la chronologie des Anciens dans notre échelle de temps, l'histoire de Romulus pourrait se situer soit vers 1150, soit légèrement avant, soit encore longtemps après, selon qu'il est respectivement le fils, le petit-fils ou le lointain descendant d’Enée.

La tradition canonique a retenu la date de 753 qu’on trouve chez Varron et chez Tite-Live. Ce fait s'explique par la nécessité qu'ont eue les Grecs de faire correspondre la tradition romaine avec leur propre mythe. Les Grecs ont rattaché Romulus à Enée avec l'idée sous-jacente que c'est Enée qui a fondé Rome, ils en ont donc fait son fils.


Il existe trois versions de l'histoire de la fuite d'Enée : dans une première version, il serait revenu fonder une nouvelle ville au même endroit que la Troie qui brûla; la seconde indique qu'il serait allé en Thrace fonder la nouvelle ville, au nord-est de la mer Egée; ou enfin il serait allé la fonder en Italie. La figure d’Enée se retrouve d’ailleurs sur des peintures étrusques datant déjà de l'époque archaïque.

Cependant, les Grecs, ne connaissant pas la chronologie romaine, se sont rendu compte qu’il y avait un fossé chronologique entre leur date (1180) et celle avancée par les Romains (753). De fait, les uns et les autres ont été amenés à imaginer la dynastie des Rois d'Albe pour pouvoir remettre Romulus à la bonne place mais en faire quand même un descendant d'Enée.

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Denys d’Halicarnasse tend à confirmer cette date puisqu’il évoque, en plus des différentes versions de l’histoire de la fondation de Rome, les dates[5] correspondantes données par les Romains. Il est important de préciser que l'année grecque commence en été, plus précisément en juillet. Elle correspond donc à deux années romaines. Il cite ainsi Lucius Cincius, un membre du sénat et annaliste du IIe siècle, qui, lui, donne la date de 729/728. Ensuite, Fabius, premier grand historien romain, fait remonter la fondation aux années 748/747. Enfin, Denys, en essayant de faire correspondre la chronologie d’Eratosthène et celle de Caton l'ancien, obtient les dates de 752/753. Toutes ces dates sont dans la même période mais aucune ne correspond exactement à celle que l'on considère dans les sources canoniques pour la fondation de Rome.

Il faut également considérer Polybe[6], qui donne la date de 751/750 et Varron qui donne 753, cette dernière date étant reprise par Tite-Live.


Les sources archéologiques contredisent plus ou moins les informations transmises par les sources littéraires. Des traces d’une présence humaine, datant de l'Age du Bronze (fin du 2e millénaire av. J.-C.), ont été trouvées sur le Capitole. Lors des fouilles archéologiques du Forum Boarium et du site du Sant’Omobono, les archéologues ont découvert des restes de céramique de l’Age du Fer, dans de la terre utilisée par les Romains pour du remblai au pied du Capitole.

Cette terre semble avoir été prise au sommet de la colline et prouve que celle-ci était déjà habitée à l’Age du Fer. Mais il semble, d'après des fouilles récentes[7], qu’il y ait des traces de présence humaine datant du XVIe siècle avant notre ère avec certaines structures, notamment des traces de métallurgie. Cela prouve une continuité de la fin de l'Age du Bronze jusqu'à la fin de l'Age du Fer (900 av.


Deux problèmes se posent ici car ni les lieux, ni les dates ne concordent. Pour les résoudre, il faut écarter l'idée de faire correspondre les sources archéologiques et littéraires. Ce n'est, en effet, pas pertinent. Il s’agit, de deux types de sources de natures différentes et dont l’interprétation exige des compétences différentes, d'où la difficulté de cerner les faits historiques recevables.  


Les historiens de l'époque avaient déjà émis certaines réticences à propos de leur propre histoire. A ce stade, une question se pose : pourquoi les Anciens n’ont-ils pas retenu une date antérieure pour la naissance de Rome, puisque dans leur conception, plus une ville est ancienne, plus elle est prestigieuse.

Il existe différents éléments de réponse, car les éléments constitutifs du discours mythique n’ont pas forcément à voir avec les éléments réels qui en sont à la base. On puise dans des réservoirs d’information complètement différents.


Cette hypothèse peut d’ores et déjà être écartée car les traces archéologiques sont antérieures à cette date. De plus, une telle hypothèse ramène à la problématique de la correspondance entre les deux types de sources différentes. Ce cheminement n’est donc pas méthodologiquement sérieux ni approuvable. Dans une seconde démarche, il s’agit de s'interroger sur ce qu'est une ville et ce que signifie le terme fondation, car construire une habitation ne signifie peut être pas fonder une ville.

Il se pourrait qu'on puisse fonder une ville là où il y a déjà des habitations. Cette hypothèse nous amène à poser le problème de façon différente.


Dans un premier temps, il faut se demander : dans quelle mesure Romulus a-t-il existé ? À ce stade, la linguistique peut y répondre. En effet, le nom de Romulus est dérivé du mot Rome et non l'inverse comme le laisse entendre la tradition canonique.

Cela ne nous permet donc pas d’affirmer l’existence du personnage. Par contre, il est historiquement sûr que les rois qui suivirent sont réels. En effet, leurs noms, dans les sources littéraires, sont rares et certains ne sont pas latins, ils n’ont donc pas pu être inventés. Le personnage de Romulus n’est, par conséquent, pas d'un grand secours pour percer le mystère de la fondation de Rome.


Il convient donc de s’interroger sur ce qu'est une ville. Il existe une multitude de critères pour déterminer une ville. De même, différentes étymologies définissent le mot ville: civitas, qui désigne ensemble des citoyens et urbs qui signifie agglomération.

Cependant, dans la vision romaine ce sont les dieux qui protègent la ville; de fait, le mur en devient accessoire. Pour preuve, les Romains ne craignent pas de s'attaquer parfois à des villes entourées de murs. Le mur symbolique a donc plus de valeur que le mur réel, comme par exemple, la ville d’Augst, où les archéologues ont retrouvé des portes mais pas de mur. Ainsi, pour les Romains, la présence du rite de fondation d'une ville définit cette ville et non pas la présence de bâtiments.

Il est possible donc d’émettre l’hypothèse que «Romulus» ait pu pratiquer le rite de la charrue.


En conséquence, plusieurs moments correspondraient à l’évolution de Rome.



Le deuxième moment dépend d'une définition de l'urbanisation, caractérisée par la présence de bâtiments et d’édifices qui distinguent une ville d’un village. De la sorte, Rome n'existerait qu'à partir du début du VIIe siècle au moment où la vallée entre le Palatin et le Capitole est recouverte d’un grand remblai et où la fondation de bâtiments publics est attestée : le forum a, par exemple, été fondé au VIIe siècle, ce qui pourrait correspondre à une présence étrusque.


Le troisième moment possible peut être celui cité par Varron. Selon lui Romulus fonde Rome plus ou moins au milieu du VIIIe siècle. Dans une certaine mesure, sa définition pourrait être corroborée par l’archéologie.


De plus, les archéologues ont trouvé des ruines à l’endroit où les Romains situaient le palais du roi. On a aussi trouvé des traces du comitium, le lieu de rassemblement des citoyens.


Il faut également rester attentif à replacer les données rapportées dans différents cadres : dans un cadre géographique, la carte du Latium nous montre différentes villes, notamment Véies, Préneste ou Lavinium. Le site d’Albe montre des ressemblances avec Rome dans le faciès archéologique. Il convient cependant de préciser qu'Albe n'a jamais existé en tant que ville, tout au plus un groupe de villages.

En ce qui concerne le cadre démographique et linguistique, l’archéologie indique la présence de la civilisation villanovienne à l'Age de Fer, et celle-ci s’étend jusqu’au sud de l’Italie. Il s’agit d’une civilisation proto-étrusque. Il est difficile d'expliquer les origines de la présence des Villanoviens, mais ce peuple faisait du commerce avec la Grèce.


L'observation des cartes s’accompagne de l’étude des tableaux chronologiques. L'archéologie permet d'établir deux types de chronologies. Il y a différentes phases selon la forme des objets utilisés. C’est ce qui s’appelle la chronologie relative qui s’établit par la stratigraphie du terrain.

Une fois cette chronologie relative définie, il faut entreprendre de la recadrer dans une chronologie absolue, en essayant de donner des dates précises. Tous les archéologues s'accordent pour discerner quatre phases relatives. Mais le problème reste de faire correspondre ces quatre phases à des dates historiques. Il existe donc plusieurs sortes de chronologies[10], notamment celles de Anzidei (A.P.), Holloway (R.



[1] « Ab urbe condita », titre de Tite-Live

[2] DION. HAL. Ant. Rom. 1,72,1-6

[3]AGATHYLLOS, ap. DION.HAL. ant. Rom. 1,49,2

[4]Toutes les dates qui suivent sont av. J.-C.

[5]DION. HAL. Ant. Rom. 1,74,1-2

[6]Une des sources les plus anciennes datant de la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C.

[7] BARTOLONI (G.) – « I primi abitanti di Roma e Veio », in DELLA FINA 2009, p. 93-117.

[8] VITR. Arch. 1.15

[9] VARR. l. Lat. 5, 143

[10] ANZIDEI (A.P.) et al. 1985 (p. 149 ; 177 ;195), HOLLOWAY (R.R) 1994 (p. 46),POUCET (J.) 1985 (p. 29) , CORNELL (T.) 1995 (p. 50) :


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