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Textanalyse
Literaturwissenschaft

University of Ottawa

83, 2015, Hawk

Luise N. ©
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ID# 68866







Alexis ou le Traité du vain combat - Marguerite Yourcenar

Yourcenar nous présente le personnage qu’est Alexis, un homme complexé qui, pour la première et unique fois, se révèle à sa femme. Après tout, l’homme (les deux sexes), se compose de variations d’émotions, de sentiments, de pensées, de réflexions, de souvenirs, d’imaginations, de désirs, de consciences. Alexis représente le côté qui peut être sombre.

Ceci est bien sûr métaphoriquement parlant. Yourcenar nous démontre à quel point la conscience est fragile et que l’expérience humaine l’est aussi. Elle n’omet pas de nous démontrer à quel point nous sommes vulnérables. Elle nous montre aussi avec clarté, à quel point nous sommes complexes et vulnérables. Elle n’oublie pas non plus les maintes couches qui composent nos personnalités.

Son inspiration pour Alexis semble provenir de sa propre personnalité bohème et son esprit libre.

Alexis prend un grand regard sur lui-même. Il prend conscience de qui il est réellement et il s’interroge sans fin. Il exprime aussi à un certain point (Yourcenar, p. 33):


« La vie, Monique, est beaucoup plus complexe que toutes les définitions possibles; toute image simplifiée risqué toujours d’être grossière. Ne croyez pas non plus que j’approuve les poètes d’éviter les termes exacts, parce qu’ils ne connaissent pas leurs rêves; il y a beaucoup de vrai dans les rêves des poètes, mais ils ne sont pas toute la vie. »


Voila un exemple qui fait preuve de l’introspection constante d’Alexis dans sa lettre. Comme l’indique ce passage, il ne cesse de réfléchir sur ce qu’il dit. Il cherche à spécifier tout ce qu’il dit en ajoutant des précisions. Malheureusement, il nous donne l’air d’être confus et il l’est en réalité. C’est même la raison pour laquelle il se sent obligé d’écrire la lettre.

Il croit qu’il doit s’expliquer à cause du grand remords qu’il ressent face à ses décisions de fuir et de s’isoler sans avoir exprimé ce qu’il voulait réellement dans la vie. En d’autres mots, le personnage Alexis se serait transformé en martyr ou victime puisqu’il choisissait, lors de sa vie avant de rédiger sa fameuse lettre, de vivre sa vie indirectement. Au lieu d’exprimer ses besoins, il trouvait que ce serait mieux de ne rien exprimer et de se laisser souffrir comme dans son enfance ou rien n’était réellement dit.

En conséquent, Alexis vivait en manque. Bien que ce manque n’était pas nécessairement matériel, il était plutôt du niveau émotionnel. Il ne trouvait pas les moyens de s’exprimer et il en souffrait fortement. Lorsqu’il écrivait cette lettre, il cherchait un moyen de se débarrasser de toute cette angoisse. Le plus triste dans ca situation c’est le fait que sa lettre contredit beaucoup son but de laisser ressortir ce qui le dérange le plus.

En se contredisant, il répète ce qu’il a vécu constamment. Il recrée dans sa lettre, les restrictions de s’exprimer qu’il a toujours ressenti. Il ne se décide pas et il se permet de se contredire. Bien sûr, il est possible de le caractériser comme étant un jeune homme franc et d’esprit ouvert. Par contre, le problème se trouve là aussi. Il lui manqué un certain niveau de confiance en lui.

Alexis est au fait un homme très complexé. On pourrait facilement dire qu’il à un complexe d’infériorité. Il lui manque une impression satisfaisante et essentielle face à la vie. Heureusement pour lui, il ne perd pas tout espoir. Il nous décrit parfois des moments de clarté ou de joie. Bien que ces moments soient bien peux compares au restant de sa lettre, ils sont tout de même présents.

Ces moments décrits sont des expériences très touchantes par ailleurs. Alexis (Yourcenar), a une éloquence exquise quand il nous décrit le bon. Ces moments sont remplis de profondeur. Ses analyses à propos de ces petits moments de clarté ou de joie sautent beaucoup aux yeux. Il décrit par exemple, son seul et peut-être unique vrai amour, la musique (Yourcenar, page 81):


« La musique me transporte dans un monde où la douleur ne cesse pas d'exister, mais s'élargit, se tranquillise, devient tout à la fois plus calme et plus profonde, comme un torrent qui se transforme en lac. On ne peut, quand on rentre tard, se mettre à jouer de musique trop bruyante; d’ailleurs, je ne l’ai jamais aimée… Le silence ne compense pas seulement l’impuissance des paroles humaines, il compense aussi, pour les musiciens médiocres, la pauvreté des accords. »


Cette parenthèse qu’Alexis fait au sujet de la musique, nous donne accès à un côté en lui qui est enjoué. Il nous montre qu’après tout, il ne perd pas complètement espoir dans la vie. Après tout ce désespoir et cette noirceur écrite dans le roman, il conserve une façade joviale. Selon lui, l’existence est remplis de douleur et donc la musique constitue une sorte d’eldorado.

C’est un peu comme si Yourcenar faisait allusion à la maison de Petite Plaisance sur l'ile des Monts-Déserts où elle s'installera dans le futur avec Grace Frick. À cette époque qu’il décrit, la musique constitue pour lui un moyen d’échapper à la rigueur que représente son existence. La musique est, pour lui, synonyme du calme. Elle lui apporte un sentiment paisible qu’il ne retrouve pas ailleurs.


« J’ai lu souvent que les paroles trahissent la pensée, mais il me semble que les paroles écrites la trahissent encore davantage… Écrire est un choix perpétuel entre mille expressions, dont aucune ne me satisfait, dont aucune surtout ne me satisfait sans les autres. Je devrais pourtant savoir que la musique seule permet les enchainements d’accords. Une lettre, même la plus longue, force à simplifier ce qui n’aurait pas dû l’être… »


Il explore la nature humaine et tout ses creux et façades cachées ou camouflées. Il questionne son instinct et ses décisions. Il regrette même son passé. Ce jeune home cherche réellement à comprendre sa nature réelle dont il s’est longtemps privé et qu’il cachait à sa chère femme. D’ailleurs, il l’a cachait même de lui-même. Il se réprimandait puisqu’il ne se conformait pas aux normes que lui exige la société et il ressentait un remords à vivre sa vie tel qu’il le voulait réellement la conceptualisait.

Son introspection est réellement digne d’être étudiée. Yourcenar nous donne un regard sur un côté que nous rejetons souvent car il est compliqué quand on y résiste. Au fond, notre cher Alexis disserte sur l’existence et l’omniprésent. Ceci est difficile à conceptualiser mais voila un questionnement essential à toute personne, qu’elle soit religieuse ou non. La transdisciplinarité ne cesse d’être, chez lui, une tentation.

Il cherche fortement à réconcilier le temps, en effet, de réconcilier les savoirs et jeter des ponts, d’établir des correspondances entre ses expériences qu’il refusait de s’admettre jusqu’ici. Il ne lui reste que sa pensée, sans doute. C’est bien elle qui, bien qu’elle est complexe, qui sert de clé dans son propre monde. C’est un vrai défi ou même une recette à affronter.

Bien sûr, en tant que lecteurs analysant le roman, nous tentons d’en tracer les éléments traits essentiels, après quelques remarques générales. C’est bien un travail qui demande de l’ardeur parfois puisqu’on n’en ressort pas toujours le sens direct.

Quoi qu’il dévoile finalement ses vraies pensées et sa vraie personnalité, il le fait par lettre. Cela représente au fait une forme de lâcheté. Évidemment, nous finissons par sympathiser avec Alexis et son manque de franchise puisque sa lettre démontre pourquoi il a ce manque de courage. Alexis représente bien la complexité humaine que Yourcenar cherche à démasquer.

Bien sûr, elle n’omet nous montrer la vérité puisque c’est son but. L’auteur nous peint un homme qui admet ne pas s’avoir connu auparavant mais qui à la fin, se rend compte qu’il vivait un mensonge. Ce qui rend cette œuvre encore plus intéressent est le fait qu’elle soit sous forme de lettre révélatrice. Malgré que le but de cette lettre soit de divulguer sa vie entière sans omettre quoi que ce soit, Alexis montre qu’il n’est toujours pas convaincu par ses propres croyances.

Depuis le début du roman, il est clair qu’Alexis est un personnage sensible. C’est à dire qu’il est un homme qui fait beaucoup d’introspection et qui réfléchi énormément. Lorsqu’il partage ses pensées, même les plus intimes, il y ajoute des détails qui peuvent sembler inutiles. Ce n’est pas nécessairement le cas. Lorsqu’Alexis partage un simple détail qui n’a l’air d’avoir un lien avec le sujet dont il parle, ce sujet a beaucoup d’importance.

Ce détail a de l’importance pour Alexis spécifiquement. Il dévoile plus que sa sexualité, ses vrais désirs ou les mépris qu’il a vécu. Il dévoile son âme sous forme de poésie. À la page 81, il y a un exemple de ce détail qui pourrait facilement être ignoré mais qui éclaircis le lecteur à sur la logique d’Alexis. Il y parle de la incessamment de musique. Tout d’un coup, il parle d’eau.

Au tout début, Alexis dit à Monique dans sa lettre qu’il est impossible de dévoiler, avec exactitude, son message. Il explique que même une longue lettre doit être simplifiée (p.19). Alexis a peur qu’il y ait un quiproquo, surtout puisqu’il n’est pas physiquement avec sa femme pour lui donner des détails. Cet homme est très incertain de ce qu’il raconte. Il n’affirme pas directement ce qu’il dit.

Il retourne sur ses idées et cela semble refléter sa personnalité. Voilà pourquoi il pense qu’il est important de commencer à retracer son enfance en détail et y retirer ce qui pourrait lui servir de piste afin de se comprendre. Même après avoir analysé son enfance, il finit par trouver comme conclusion que son enfance était simple et non nécessairement la source de son gène existentiel.

La timidité et sa souffrance en sont l’effet. Il n’est pas certain de qui il est et il a peur de prendre des décision. En d’autres mots, il pense que la vie à plus de pouvoir qu’il n’en a sur elle alors que c’est faut. Ce qui est triste dans tout cela est qu’il n’accepte pas sa nature. Né en tant qu’un humain très émotionnel, il a de la difficulté à s’accepter comme il est.

Voilà pourquoi il n’affronte pas sa femme en personne. La nature d’Alexis est vue comme étant plus féminine que masculine et voilà de quoi s’inquiéter. En même temps, c’est cette même nature qui lui permet d’avoir une connexion aussi profonde avec la musique et sa mémoire qui transcende le temps. Si seulement Alexis aurait compris dès le début que sa force est différente mais qu’elle reste néanmoins une force, peut être qu’il aurait fait de meilleurs décisions.

Alexis est un personnage complexe, et sans question, intéressant. Il reflète son auteur, Marguerite Yourcenar. C’est une œuvre qui est écrite avec le but de mieux se comprendre et remédier à une conscience perturbée. Le langage performatif combiné avec le recyclage constant des idées d’Alexis fait que tout devient réel. Yourcenar aurait-elle peut être été une femme qui se fixe sur le fond des idées comme Alexis? Aurait-elle été une femme qui perçoit la vie comme étant un champ de bataille où les pensées la perturbent? Peut-être! Peut importe, son œuvre fait preuve de profondeur au sujet de la complexité humaine.

C’est un livre qui permet d’explorer le remords, la confession et le regret. Yourcenar nous donne la chance de faire une introspection sur nos propres vies et d’éviter de vivre un mensonge comme le pauvre Alexis.





Bibliographie

  1. Andrea Hynynen, « Le chercheur queer et le roman historique : quelques défis de Marguerite Yourcenar », Itinéraires [En ligne], 2011-1 | 2011, mis en ligne le 01 avril 2011, consulté le 31 mars 2016. URL : DOI : 10.4000/itineraires.1670

  2. Delcroix, Maurice. "« Alexis Ou Le Traité Du Vain Combat » : Un Roman épistolaire De Marguerite Yourcenar." Cahiers De L'Association Internationale Des études Francaises Caief 29.1 (1977): 223-41. Web.

  3. Kadoglou, Triantafyllia. "LA RÉCEPTION CRITIQUE D’ALEXIS OU LE TRAITÉ DU VAIN COMBAT." Université De La Macédoine Occidentale (n.d.): 245-61. Web.

  4. Nen, The French Author Marguerite Yourcenar (1903-1987) Is Best Known For, and Her Grand Historical Novels Suc. The Erotic in Marguerite Yourcenar’s Anna Soror . and (n.d.): n. pag. Web.

  • Edgar Morin. México: UNAM, Escuela Nacional De Trabajo Social, 1997. Web.



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