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Final thesis

Commenta­ire de texte : Lautréamon­t, Les Chants de Maldoror

2.256 Words / ~4 pages sternsternsternsternstern_0.25 Author Stefan M. in Mar. 2011
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Final thesis
Linguistics

University, School

Université de Dijon

Grade, Teacher, Year

2009

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Stefan M. ©
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ID# 5606







 

Commentaire de texte : Lautréamont, Les Chants de Maldoror

 

 

                               Le passage étudié se situe dans le Chant III à la strophe 5. Maldoror se trouve face à un pont qu’il veut franchir pour accéder à une maison de passe où il a pu apercevoir un homme et une femme juste après l’acte sexuel. En regardant par la grille, il va rencontrer un cheveu qui exprimera son désarroi d’abandon. Il aborde à travers ce passage la notion du vice, de la religion et de la condition humaine.

                C’est pourquoi, nous verrons en quoi Lautréamont à travers cet extrait nous donne une vision pessimiste de l’humanité.

                Dans un premier temps, nous verrons que le passage nous offre une métaphore filée de l’enfer puis dans un deuxième temps en quoi l’homme est soumis à sa condition.

 

 

 

                Tout d’abord, on constate que cet extrait nous donne ne métaphore filée de l’enfer. De part, l’image du pont qui serait l’image du lien entre la vie humaine et le monde du vice, de plus, la mise en garde inscrite à la sortie du pont appuie sur le fait qu’une transition se met en place entre l’entrée et la sortie du pont : « J’allai descendre du pont, quand je vis, sur l’entablement d’un pilier, cette inscription, en caractères hébreux : « "Vous, qui passez sur ce pont, n’y allez pas. Le crime y séjourne avec le vice ; un jour, ses amis attendirent en vain un jeune homme qui avait franchi la porte fatale." » On retrouve d’ailleurs tout au long de l’extrait le champ lexical des caractéristiques de l’enfer comme premièrement l’idée d’enfermement « un guichet, dont la grille possédait de solides barreaux, qui s’entrecroisaient étroitement. » (l.9, 10,11) l’homme est à ce moment devant cette grille ce qui a deux signification, en étant devant ceci montre qu’il est difficile d’y pénétrer ce qui montre l’importance du lieu, l’importance de l’entrée dans cet endroit. Puis, en étant à l’intérieur, ceci montre qu’il est difficile d’en sortir, « la matière qui l’entourait comme une prison » (l.36) et « cette chambre claquemurée » (l.47) va dans ce sens, il s’agit du cheveu enfermé dans la chambre, lieu du vice, ceci serait donc une métaphore de l’enfer. Autre caractéristique de l’enfer énoncée ici, est l’absence de lumière, symbole de l’enfer : « D’abord je ne pus rien voir ; mais, je ne tardai pas à distinguer les objets qui étaient dans la chambre obscure, grâce aux rayons du soleil qui diminuait sa lumière et allait bientôt disparaître à l’horizon » (l.12, 13, 14, 15,16) on a ici une métaphore de l’enfer avec l’idée de la lumière qui disparait au loin pour signifier que lorsque l’homme pénètre dans l’enfer symbolisée par la chambre voit s’éclipser tout ce qu’il a de bon en lui. De plus, cette idée d’enfer peut se remarquer par la présence d’une référence à la langue biblique de l’ancien testament avec l’inscription à la sortie du pont écrite « en caractères hébreux » (l.5) ce qui conforte la métaphore filée car le paradis et l’enfer est une croyance religieuse. La représentation la plus frappante de l’enfer est celle de « la porte fatale » (l.8) ce qui montre qu’une fois cette porte franchie il sera impossible de revenir en arrière, il y a ici une notion de destin. Pour finir, l’enfer est décrit par ce passage « Le crime y séjourne avec le vice » (l.6) on pourrait dire ici qu’il s’agit d’une définition de l’enfer.

                Dans ce passage l’enfer est décrit comme celui de la tentation et de la débauche : « Et quelle femme ! Les draps, sont encore moites de leur contact attiédi et portent, dans leur désordre, l’empreinte d’une nuit passée dans l’amour » (l.49, 50, 51), il s’agit ici du vice et de la luxure. De plus, si nous observons à la première phrase « A ce spectacle, moi, aussi, je voulus pénétrer dans cette maison ! » (l.1-2) le « ce spectacle » est ici le « ce » est anaphorique car il réfère au passage précédent où il a vu un homme et une femme après s’être adonné au péché de chair, juste avant le passage étudié la femme et l’homme sont sortis de la chambre et il est dit « elle en était sortie, pour attendre une autre pratique » ce qui montre que « cette maison » est une maison de passe, c’est ici une autre référence à l’enfer du vice. Cette idée de lupanar est appuyée par la présence du guichet nommé ligne 10 qui est donc un comptoir avec une petite ouverture grillagée, pratiquée à hauteur d'appui dans une porte, où l’on règle quelque chose, ici il s’agit donc de payer pour les services d’une prostituée. De plus, on peut aussi trouver des références à la forme phallique qui symboliserait l’ambiance qui règne dans la chambre et donc le vice comme l’image de « l’anguille » (l.29) pour une comparaison avec le mouvement du cheveu, on peut aussi ajouter l’acte du cheveu « et montrait un de ses bouts, devant le grillage du guichet » (l.31, 32) on peut donc considérer ces passages comme des connotations à l’appareil génital masculin, ce qui contribue à cette description du vice et de la maison de passe. Lautréamont nous offre ici une description de l’enfer du vice par le biais de la métaphore filée et des connotations.

                Cet enfer exposé par Lautréamont, peut rappeler l’enfer de Dante en particulier par le biais de l’inscription avant la porte que lit Maldoror : « "Vous, qui passez sur ce pont, n’y allez pas. Le crime y séjourne avec le vice ; un jour, ses amis attendirent en vain un jeune homme qui avait franchi la porte fatale." Cette phrase fait référence à l’Enfer de Dante dans La Divine Comédie et en particulier à la mise en garde de la porte de l'Enfer : "Vous qui entrez, abandonnez toute espérance." On peut en déduire que Lautréamont s’est inspiré de cet ouvrage pour constituer son propre enfer. La maison close ainsi que le climat noir et obscur qui plane dans le texte n’est pas sans rappeler les châteaux obscurs et  paysages angoissants du roman de Dante. Tout les deux adoptent la métaphore pour décrire leur enfer. On peut noter cette phrase de Jean-Marie Le Clézio à propos de Lautréamont et ses Chants de Maldoror : « Comme le Dante de la divine Comédie, le lecteur s’aventure dans un autre monde, un Enfer… Nous sommes frappés par l’aspect dangereux du paysage des Chants, sa sauvagerie comme dans l’Enfer de Dante : étendues désertes, forêts, rochers au bord de l’Océan, paysages nocturnes… ». On peut donc dire que ce passage rappelle sans conteste l’Enfer de Dante.

                Dans ce passage, Lautréamont nous donne donc une vision de l’Enfer et plus particulièrement celui du vice par le biais de la métaphore filée et des connotations tout en s’inspirant de l’Enfer de Dante. Par la suite, nous allons voir que la présentation de cet Enfer met en avant la condition de l’homme et une critique de la religion.

 

 

                En effet, nous pouvons voir que par le biais de cette métaphore de l’enfer, Lautréamont nous confronte aux réactions de l’homme face à la tentation et donc face à sa condition. Il confronte le personnage au vice et de ce fait le met  l’épreuve. La réaction de Maldoror est la tentation, l’envie d’en savoir plus et de participer lui aussi à ces pratiques amorales : « A ce spectacle, moi aussi, je voulus pénétrer dans cette maison ! » (l.1, 2) cette phrase fait référence à la fin de scène de débauche à laquelle il a assisté. Lautréamont défini l’homme comme naturellement curieux et attiré par le mal, l’obscurité, et le vice. Cette définition peut être appuyée parla mise en garde près de la porte qui devrait décourager le personnage de vouloir pénétrer dans la maison et pourtant l’inscription augmente son envie de découverte : « La curiosité l’emporta sur la crainte » (l.8) Maldoror est donc submergé par son appétit de savoir. Pour Lautréamont, le personnage comme l’humanité en général se laisse conduire par leurs désirs et c’est ce qui les mène à leur perte. La curiosité est destructrice car une fois le vice connu l’homme ne pourra en sortir indemne. Chez Maldoror la curiosité est particulièrement importante car il défit à la fois la mise en garde ainsi que la grille à barreaux : « Je voulus regarder dans l’intérieur, à travers ce tamis épais. » (l.11, 12). L’homme est naturellement curieux et mauvais, la vue de l’homme et de la femme enfermée dans le vice ont poussé Maldoror à approcher cette chambre. On voit ici le pessimisme de Lautréamont face à sa conception de l’humanité. Il nous rappelle que l’homme est soumis à sa destinée et ne peut y soustraire.  

                Cette curiosité est des plus malsaines étant donné que le cheveu qu’il voit à l’intérieur est prisonnier de cette chambre. Le cheveu permet d’appuyer cette métaphore filée de l’enfer étant donné qu’il est prisonnier de cette chambre. Mais la chambre aussi la métaphore du vice. Le cheveu serait une représentation de l’esprit de l’homme qui essaie de se défaire du vice auquel il a gouté. Tout d’abord, Maldoror voit le cheveu comme un « bâton blond » ce qui donne une certaine force par rapport à ce qu’il est réellement, mais aussi garde le suspens sur ce qu’est vraiment ce « bâton blond » on apprend les événements en même temps que le personnage, le narrateur est ici interne, il découvre qu’à la ligne 34 et 35 qu’il s’agit d’un cheveu : « Je me mis à le regarder de plus en plus attentivement et je vis que c’était un cheveu ! ». L’image du bâton donne une force car l’action qu’il opère est d’essayer de sortir de cette chambre. Le cheveu tente de se défaire de cette chambre et de cette débauche. C’est un combat intense que Lautréamont présente entre le cheveu représentant de tout être et la chambre close liée au vice. La métaphore de l’homme peut être conforté par le passage de la ligne 29 : « Quoique haut comme un homme », même s’il ne se tient pas droit, il y a ici une comparaison directe entre le cheveu et l’homme. De plus, ce combat est explicité, tout d’abord par des verbes de mouvement : « Ce bâton se mouvait ! Il marchait dans la chambre ! » (l.18, 19), « Il faisait des bonds impétueux, retombait à terre et ne pouvait défoncer l’obstacle. » (l.32, 33). Cette lutte est intensifié par les adjectifs d’intensités : « Ses secousses étaient si fortes, que le plancher chancelait ; avec ses deux bouts, il faisait des brèches énormes dans la muraille et paraissait un bélier qu’on ébranle contre la porte d’une ville assiégée. » (l.19, 20, 21, 22, 23) on souligne ici des noms communs relevant du mouvement et de la destruction comme « secousses », « brèches » ainsi que le verbe conjugué à l’imparfait « chancelait ». De plus, la comparaison avec le bélier nous donne une indication su l’intensité de la lutte du cheveu face à la chambre close, ceci montre sa détermination à vouloir sortir de ce lieu, les termes de « ville assiégée » suppose que le bélier tente de sortir d’un endroit envahi par un ennemi, ici le vice. On retrouve la notion d’enfermement pour définir les murs de la chambre qui l’entoure, le vice serait un état dont on ne pourrait se défaire malgré une résistance intense : « Après une grande lutte avec la matière qui l’entourait comme une prison » (l.35, 36), la comparaison est équivoque ; mais la « prison » est indestructible « Ses efforts étaient inutiles ; les murs étaient construits avec de la pierre de taille, et, quand il choquait la paroi, je le voyais se recourber en lame d’acier et rebondir comme une balle élastique. » (l.23, 24, 25, 26, 27) Les tentatives du cheveu pour parvenir à sortir de cette chambre sont un échec, la comparaison avec la « balle élastique » et le verbe « rebondir » montre bien l’incapacité du cheveu à détruire une partie du mur, ainsi que la répétition de mouvements infructueux. Le cheveu n’est pas de taille face à la chambre comme les êtres ne sont pas le poids face au vice une fois qu’ils y ont gouté.

                De plus, Lautréamont à travers ce passage nous offre sa vision de la religion et plus particulièrement de Dieu, qu’il considère comme un homme soumis à sa condition. Si on prend en compte le chant dans son intégralité, on apprend que le cheveu appartient à Dieu. On peut voir ceci comme une synecdoque, il faut comprendre le cheveu comme l’esprit de Dieu. La présence de la religion s’observe aussi par le terme « guichet » qui fait référence à la maison de passe mais aussi au guichet du couvent, ainsi qu’ave l’écriture en hébreux sur l’inscription au bout du pont. Donc, Dieu serait un acteur du vice et d’actes de débauche, il serait un homme comme les autres attiré par le mal et la luxure. Il détruit ici la vision habituelle de Dieu comme une divinité du Bien. Il en fait un être attiré par la chair féminine : « "[…] Il m’abandonne, dans cette chambre claquemurée, après s’être enveloppé dans les bras d’une femme. Et quelle femme ! Les draps sont encore moites de leur contact attiédi et portent, dans leur désordre, l’empreinte d’une nuit passée dans l’amour… "» Le cheveu est ici pour nous informer sur les faits pratiqués par son propriétaire. Dieu est décrédibilisé comme il l’a été précédemment au début du chant III où Lautréamont le présente comme un ivrogne et un débauché, il continue donc ici afin de montrer que l'être humain est donc ainsi. Lautréamont expose ainsi sa thèse: l'homme incarné ici par Maldoror ainsi que les divinités sont nécessairement mauvais.

 

                Lautréamont à travers ce passage nous expose sa vision de l’homme et de la religion. Selon lui, l’homme et la divinité sont sur un même pied d’égalité face au vice et à la débauche. Les êtres sont naturellement mauvais de part leur curiosité et leurs désirs. Ceci se comprend à travers les métaphores filées de l’enfer et du vice. Lautréamont use de la comparaison pour exprimer son pessimiste face à l’espèce humaine. De plus, en décrivant son enfer, il fait quelques références à Dante dans La Divine Comédie, il nous montre ici ses références littéraires.

 

               

 

 

 

 

 

 

 


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