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Mitschrift
Geschichte / Historik

Universität Wien - Alma Mater Rudolphina

2015

Ludwig G. ©
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Histoire des révolutions d’Italie, tome I


« […] et quand j’eus compté tous ces mystères, je fus frappé de trouver qu’ils étaient tous guelfes ou gibelins, néo-guelfes ou néo-gibelins, quasi guelfes ou quasi-gibelins ; en sorte que les révolutions italiennes, se succédant au nombre de sept mille depuis l’an mil jusqu’à l’éclat de Luther, ne sont qu’une longue déduction des deux partis se renouvelant et se surpassant sans cesse. » (Préface, p. XI)

« Le pape et l’empereur, considérés, non comme gouvernements, mais comme principes, voilà ses chefs. » (p. XIII)

« Mais le droit suprême des révolutions s’élève au-dessus des nations, se joue des contrastes des gouvernements, se propage sans distinction de races, et l’Italie révolutionnaire, par un essor continu de six siècles, tout entière à la guerre des idées, dédaigne les fausses unités de l’art politique pour nous convier au spectacle extraordinaire d’une nation sans frontières, d’un progrès sans gouvernement, d’une suprématie conquise en dehors de toutes les théories reçues sur l’indépendance, sur la force, sur la grandeur des États, d’un drame enfin dont les termes se fondent exclusivement sur des principes abstraits, et dont l’unité est toute dans l’intelligence de l’homme. (p.

XVI)


Livre I, partie III « La révolution des évêques »


Chapitre I — Méthode à suivre.


Les communes. — Fin de l’indépendance nationale ; politisation des citoyens, constitution des communes. Elles s’acharnent contre les restes du royaume. — Pour les communes, l’empereur est la garantie de la liberté par opposition au roi. Mais quand l’empereur prend le parti des rois, il subit l’insurrection communale. Lutte en apparence anarchique, mais en réalité dirigée par le principe de la révolution pontificale et impériale. — Les principe de la révolution catholique et de la royauté nationale permettent d’expliquer l’histoire de la péninsule depuis Odoacre jusqu’au début du XIe siècle.

Mais maintenant, les communes se distinguent les unes des autres, et rien ne semble les unir. L’histoire de la péninsule ne peut plus être écrite ; lui succèdent les chroniques municipales. L’histoire de la péninsule se peut écrire si l’on admet que la lutte contre toute royauté est le but suprême des guerres menées par et entre les communes et qu’il importe peu, dans cette perspective, qu’elles se fassent guelfes ou gibelines. Erreur des nationalistes. — Les insurrections contre les invasions des Goths, des Lombards, puis contre les royautés de toute sorte, ne sauraient être interprétées comme des marches vers une quelconque unité nationale : « Par la constitution des deux pouvoirs, on a organisé une révolution permanente, universelle, indéfinie dans ses aspirations vers l’avenir.

Le premier des chefs de l’Italie est l’empereur, le plus faible, le plus légal, le plus fédéral des rois ; le second chef de la terre est le pape, le plus désarmé des princes, le moins conquérant des souverains : donc aucune conquête sur le sol italien. Le roi, au contraire, était conquérent, et on l’a renversé avec uen guerre si violente que sa chute a retenti dans tous les États de l’Europe.

Si le pape et l’empereur sont attaqués, c’est qu’on demande toujours un pape qui n’existe pas, un empereur qui doit être refait ; la révolution n’est pas le mouvement d’une indépendance vide, mais une guerre constitutionnelle, intime, organique, qui transforme les idées, les institutions, la religion. […] L’histoire des communes, dans toute sa durée, n’est donc pas l’histoire d’une guerre contre l’étranger, fait unique, matériel, mille fois répété, mille fois impuissant ; c’est un fait idéal, organique, toujours en progrès : où les idées règnent, le hasard ne peut régner ; l’obscurité du labyrinthe italien doit disparaître ; si elle restait, ce serait notre faute. » (pp. 266-267)

Histoire idéale de la ville itailienne. — 1. Elle commence avec la catastrophe du royaume. Les communes choisissent pape & empereur contre le roi. 2. Se développe par les idées. L’idée périmée engendre l’idée neuve, incessamment, et explique « l’instabilité politique ». 3. Domine les arides indications des chroniques. C’est l’idée qui mène les différentes communes de l’Italie dans l’histoire (perspective hégélienne de l’auteur). 4. Fait disparaître les contradictions de la philologie. On ne peut comprendre les désordres, les absurdités, les exceptions, tels ces guelfes qui s’opposent au pape ou ces gibelins qui affrontent l’empereur, si l’on n’admet pas le primat de l’idée. 5. Ses personnages typiques. L’histoire de chaque commune s’incarne dans une succession analogique d’hommes qui occupent des fonctions semblables.

Les individualités sont à cet égard négligeables. 6. Sa chronologie abstraite. Chaque commune passe par une suite précise d’étapes dont il faut connaître l’ordre ; mais la connaissance de la chronologie n’est d’aucune utilité. 7. Sa géographie idéale. Centre de la commune et dans ce centre, le centre est bien l’église ; puis : remparts, banlieue, etc. jusqu’à s’étendre dans la forêt. 8. Sa réalisation dans le pacte de Charlemagne. 9. Son influence sur l’Europe. « Si l’Europe cessait de l’accabler, l’Italie n’aurait aucune grandeur ; ses guerres seraient stériles commes les guerres des Africains, et son bonheur obscur comme celui du Russe et du Moldave.

L’idée, qui est est le principe de la Péninsule, a vaincu les barbares et convertira à sa révolution les hommes mêmes qui arivent pour la combattre » (p. 275) 10. Supérieure au vandalisme des interventions étrangères. L’absence de centre politique en Italie la rend invulnérables aux invasions ponctuelles et éphémères.

Elle se vérifie aisément par l’histoire positive de l’Italie. —


Chapitre II — La révolution des évêques.


Le comte est royaliste et l’évêque est révolutionnaire. — Le comte appartenait à la hiérarchie royale et gouverne tous les aspects de la ville, mais, le roi disparu, son pouvoir sur la ville s’étiole. En face du camp féodal se dresse le camp clérical dont la puissance repose sur l’influence politique grandissante des évêques dans l’empire. À cet égard, le comte est l’ancien régime et l’évêque procède de la révolution impériale. L’émeute épiscopale. — C’est davantage qu’une opposition politique : c’est un fossé presque métaphysique qui sépare les deux camps.

Le comte est systématiquement défait par les émeutes ; le temps que cela prend n’importe pas. D’où les trois conséquences : 1. Avénement de l’évêque. 2. Constitution du premier peuple. C’est le « primo popolo », c’est-à-dire « la cour du comte, moins le comte, plus la noblesse de l’évêché ; c’est une véritable aristocratie fort restreinte, plutôt une réaction qu’une institution populaire dans le sens moderne. (p. 280). Ainsi, la révolution épiscopale induit une nouvelle organisation politique de la commune : à sa tête, l’évêque ; puis vient le popolo, l’aristocratie en somme ; ensuite la commune, c’est-à-dire tous les habitants de la commune ; et pour cerner cette structure hiérarchisée sont instituées des consuls de la commune. 3. Première lutte contre le pacte pontifical et impérial. Révolte contre l’empire dans les terres de l’ancien royaume, et contre le pape dans celles de la donation de Pépin.

C’est là que le pape et l’empereur interviennent.


Chapitre III — La révolution des évêques dans les villes.


Défaite du comte de Milan. — Triomphe de l’archevêché. Même mouvement à Plaisance, — à Verceil, — à Ossola, — dans le Novalais, — à Turin, — à Chieri. Les privilèges de Gênes. — Le patriarche d’Aquilée crée le peuple du Frioul. — Bellune constitue le premier peuple officiel de la révolution qui se développe en imitant la féodalité. — Dix ans après la chute du royaume, quatre familles se partagent la ville en quartiers ; un siècle après, chaque famille régnante s’élargit ; un siècle encore passe, et les quatre familles font accéder aux hautes fonctions les rotoli (des amis et non des parents). Le peuple officiel dans d’autres villes. — San Sepolcro. — Nonantola. — Défaillance silencieuse des villes royales. — Lutte semi—épiscopale de Vicence. — Exemption et révolte de Parme. — Les anciennes exemptions qu’il ne faut pas confondre avec la révolution. — La commune italienne n’est ni octroyée ni germanique. — La révolution dans les États de l’Église. — À Ravenne. — À Faenza. — Chez les Marses. — À Orvieto. — À Chiusi. — À Saint-Marin. — À Mont-Cassin. — Conflagration générale. — « Telle est l’Italie des évêques : elle sort du fond des archevêchés, des évêchés et des abbayes ; elle se lève en combattant les derniers restes du royaume, elle demande l’expulsion des comtes pour les dépasser, en déchirant toutes les lois féodales ; dans sa marche rapide, elle va se heurter contre la papauté et contre l’empire.


Chapitre IV — La révolution des évêques en Toscane, en Savoie, dans le Montferrat, en Corse et en Sardaigne.


L’an mil. — 962 : premiers affranchissements impériaux (Lodi, Aqui, Novare, toutes villes royales) ; 1038 : à la révolution de Milan (et aux révolutions qui l’ont imitée) s’ajoutent la lutte naissante entre le Sacerdoce et l’Empire. Ainsi autour de l’an mil l’ère des comtes finit pour que commence l’ère des évêques. La révolution épiscopale dans les fiefs. — Par les familles de Canosa. — Du Montferrat. — De Savoie. — D’Este. — Les Pisans en Sardaigne. — Le comte Arrighetto bel Messere en Corse. — La fédération des Corses. —


Chapitre V — La révolution des évêques dans la basse Italie à partir de l’an mil.


Livre II, partie IV. Les consuls (1122-1184)


Chapitre I — Avénement des consuls


Domination de l’évêque. — La révolution épiscopale fait émerger deux figures : le prêtre, guide temporel et spirituel de la commune, et le peuple. Tendances consulaires du commerce. — Celui-ci s’oppose à celui-là en raison de son inclination naturelle pour le mondain, et même pour l’activité, l’argent, le commerce. Le clergé ne peut ni les satisfaire ni les contenir. — Déjà l’évêque s’avère contesté de toutes parts, et l’on pointe l’inadéquation de son être avec la fonction qu’il a été amené à exercer pour des raisons historiques. Le peuple s’insurge d’abord en gardant l’apparence de la soumission ensuite en renouvelant ses institutions. — Tout le primo popolo se dresse en armée : « Le peuple grandit à son tour comme l’armée.

Cet embryon rudimentaire, que nous avons appelé le “primo popolo”, et qui se composait des notables de la curie épiscopale et du comté, s’agère de nouvelles familles, évoquées du néant de la multitude qu’il veut entraîner, compromettre et gagner à la révolution. Ainsi développé, étendu, régularisé, devenu le “secondo popolo”, parce qu’il est le personnage de la seconde révolution italienne, il fonde de nouvelles assemblées, organes de sa vie qui se renouvelle. » (p. 7) Dissimulation. — Le décorum, les institutions officielles ne varient pas, de sorte que la révolution à venir se prépare comme en sourdine. Secondo popolo et ses parelements. — Jadis, les puissantes familles, celles qui se partageaient la ville en parts égales, étaient à la fois le gouvernement et le conseil.

Les consuls sont très nombreux. Il n’émerge pas de grande figure, de chef, parmi tous ces individus qui se dévouent dans l’anonymat, la discrétion, au service de l’État, comme des fonctionnaires en somme. Le peuple n’est pas la multitude. Les consuls à la merci du peuple qui est ennemi du pape dans les États de l’Église et de l’empereur dans l’Italie impériale. — La partition n’est pas changée avec la révolution consulaire : les terres gibelines demeurent gibelines, de même les guelfes.


Chapitre II — Les consuls dans la ville


Empiètement et proclamation des consuls. — D’abord, les consuls avancent masqués ; ils n’écrasent pas l’épiscopat : ils veulent s’emparer du pouvoir, mais discrètement ; mais bien vite le courant de l’histoire exige d’eux davantage de clarté, et alors la violence éclate. Gênes nomme ses consuls des plaids et de la commune et sépare ses plaids de sa politique. La durée du mandat consulaire est progressivement abaissée jusqu’à atteindre un an.

Les consuls exercent, ici comme ailleurs, les fonctions judiciaires et politiques en même temps. Ils ont également une fonction de représentation des districts de la ville. — Les édifices de Pise, Orvieto, Rimini, Pesaro, Benevent, Fermo. — Nombre des consuls dans les diverses villes. — Proclamations tumultueuses à Rome avec le schisme d’Anaclet II, — à Milan sous l’archevêque Anselme, — ailleurs. — Pacte de Ravenne avec Forli. — Les consuls dans les abbayes de Mont-Cassin, — de Farfa, — de Nonantola, — de San Sepolcro, — dans les villes royales. — Date générale de la révolution. — La moyenne des dates du commencement de l’époque consulaire est 1125, c’est-à-dire trois ans après 1122 qui marque la fin de la Querelles des Investitures, car : « Le mouvement des consuls n’est en effet que la libre élection sécularisée et étendue du chapitre à la ville toute entière, qui finit par absorber l’évêque et les chanoines, abandonnés du pape et de l’empereur. » (pp. 21-22)



Régions féodales. — Joie de Mantoue à la mort de la comtesse Mathilde. — Lucques. — Les épicuriens de Florence. — Décomposition du marquisat de Toscane. — Unité du Montferrat ; dualité de Chambéry et de Turin. — Arriguccio Cinarca en Corse. — L’indépendance en lutte avec la démocratie en Sardaigne. — Nécessité de l’unité chez les Normands. — Palerme nécessaire à l’unité normande. — Roger. — Il fonde le royaume des Deux-Siciles. — La révolution la même partout. — Ce qui est remarquable, c’est la répétition d’un même phénomène dans des villes qui n’offrent par ailleurs peu de ressemblances, et parfois même aucune.

C’est que les villes italiennes procèdent, au cours de l’histoire sociale, par imitation ; aussi la révolution consulaire se produit partout, mais selon des déterminations et pour des buts qui varient selon les communes.


Chapitre IV — La réaction pontificale et impériale contre les consuls (1132-1137)


Le pape et l’empereur attaquent les consuls — Innocent II conduit la répression du mouvement consulaire avec l’aide de Lothaire III, empereur de la maison des Welf. et croient à l’arrivée de l’Antéchrist ; — mais Milan garde sa liberté. — Pise et Gênes restent indépendantes. — Seules les villes royales sont opprimées — et les consuls détrônés reparaissent partout. — Roger victorieux grâce au schisme. — « Ainsi se forma le royaume de la basse Italie, un demi-siècle disparition dernière du royaume de la haute Italie.


Chapiter V — La guerre des villes libres


L’Italie semble alors perpétuellement et invariablement vouée à la division, aux luttes, aux guerres intestines : « un paradoxe inadmissible et pourtant incontestable, à savoir que l’insurrection contre la loi impériale et pontificale augmentait, chaque jour, dans toutes les villes et qu’en même temps elles devenaient de plus en plus acharnées les uns contre les autres. » (p. 52) Ni les papes ni les empereurs ne sont à l’origine des guerre entre les communes.

De toute façon, ça n’est pas leur intérêt. Les ambitions de l’un et de l’autre ne se satisfont pas de la partition.


Chapitre VII


Réaction impériale contre la guerre municipale


Frédéric Barberousse, chef de la révolution épiscopale en Allemagne se propose de combattre la seconde phase de la révolution consulaire en Italie. — Ce n’est pas contre les libertés des villes qu’il entreprend une expédition, mais pour rétablir la paix et l’équilibre des communes. Car si la guerre municipale ne saurait constituer pour lui un avantage — le « diviser pour mieux régner » ne s’applique pas de cette façon — l’équilibre des puissances empêche une des communes, telle Milan dont il s’inquiète de la progression, de songer à la sécession. Son combat contre les villes de la région impériale. — Il est le capitaine des villes militaires contre les villes romaines, et loin d’étouffer la guerre, il la confirme. — Ses premières descentes.


Livre II, partie V — Les citoyens et les concitoyens (1184-1250)


Chapitre I — La guerre aux châteaux (1184)


Les villes commencent la guerre aux châteaux. — Les trente années qui s’écoulent depuis la paix de Constance (1184) semblent calmes, comme si rien ne se passait. Mais tout au contraire une autre révolution se prépare. La province est le contado et ses habitants sont les contadini ; là tout est encore féodal, et sous domination impériale et la ville consulaire est une exception, un point noir qui, toutefois, étend naturellement sa nouvelle loi à la province qui l’environne, en faisant donc la guerre aux châteaux. Combat des Florentins contre les comtes de la campagne. — Guerre contre les châteaux du Milanais. — Brescia, Alexandrie, Ast, Turin. — Vérone, Padoue et chute de Pendice. — Parme, Plaisance, Reggio, Modène. — Luttes, colères et hypocrisie de Faenza aux prises avec les châtelains. — Césène. — Sienne. — Héroïque avidité des Génois. — Précautions des Terracinois contre leurs comtes. — Chagrin et jubilation des citoyens de Bénévent à propos du château de Rao. — Indication obscures sur les luttes de Fermo et de Vicence. — La guerre aux châteaux se présente comme la conclusion de la guerre contre le royaume. — La guerre aux châteaux est le fruit de la ville consulaire devenue belliqueuse et ne supportant plus que sa campagne demeure féoale.


Chapitre II — Réaction impériale et pontificale contre la guerre aux châteaux (1185)


Tentatives insignifiantes des deux chefs de la chrétienté en faveur des châtelains. — Barberousse défend les châtelains à plusieurs reprises : par exemple, Florence perd, en 1184, le territoire que la ville consulaire a pris à la campagne féodale et Henri VI mène des expéditions punitives semblables ; le pape également défend certains châteaux, comme celui de Casal dont il ordonne la reconstruction en 1220. Elles ne font que provoquer un nouvel essor de la démocratie contre les châteaux. — Mais le mouvement consulaire comprend assez tôt que ni l’empereur ni le pape n’exerce assez de pouvoir dans la Péninsule pour freiner tout à fait leurs ambitions ; pour les accomplir, ils redoublent d’agressivité : c’est ainsi que Florence recommence de s’étendre vers 1218. Les petites villes attendent que les grandes villes osent défier et l’empereur et le pape pour faire de même.

La résistance des châtelains peut toutefois s’expliquer par le jeu d’alliances inconstantes et complexes qui caractérise alors la Péninsule. Les amitiés et les inimitiés ne permettent certes pas de sauver la féodalité provinciale, car elles sont bien souvent lointaines tandis que la menace est toute proche. Catastrophe de Briandrate. — Exploits de Sienne, Faenza, Gênes. — Chieri. — Chierasco. — Jesi. — Osimo, Ancône, Camerino, Toscanella, etc. — Tous les châtelains sont vaincus, soit qu’ils opposent à la ville conquérante une ville rivale, — soit qu’ils s’obstinent à régner sur des sujets révoltés, — soit qu’ils devancent les rébellions des sujets en se soumettant aux citoyens, — soit qu’ils se posent en défenseurs de l’indépendance de leurs serfs devenus citoyens, contre la ville qui veut les absorber. « Pressés entre les menaces de la ville et l’insurrection des paysans, presque tous les comtes se donnaient à la ville qui les acceptait en capitaines des postes avancés, en magistrats des provinces convoitées, en feudataires municipaux, en vassaux de la guerre municipale. » (pp. 233-234) « La guerre aux châteaux devenait chaque jour plus acharnée ; les citoyens s’exaspéraient en se voyant sans cesse déçus, ou retardés par de misérables bicoques ; les chroniques de Gênes jettent des éclairs de colère. » (p. 239)  — Irrirtation des citoyens contre les deniers châtelains ; colère de Todi, d’Orvieto, de Sienne, etc. — Destruction de Simifonti — de Capriata, Castelseprio, Toscolo. — Naturalisation des châtelains dans les villes, et constitution du troisième peuple composé de citoyens et de concitoyens. — « Les comtes qui résistaient, ceux qui cédaient, les châteaux fidèles au chef féodal, ceux qui proclamaient les consuls, tout pliait sous la domination des villes qui s’étendaient par amour ou par force, par la liberté ou par les répressions, par les alliances ou par les combats acharnés. » (p. 247) « Les châtelains marchaient à la suite des citoyens, derrière le char des consuls, en censitaires, en tributaires de la révolution que la déroute rendait complaisants et qui étaient forcés de s’attacher à l’alliance, leur dernière ancre de salut, unique moyen pour conserver elurs biens, leurs terres, une partie de leurs serfs, quelques châteaux et les restes d’une puissance que la ville s’engageait à respecter.

On l’obligeait à bâtir un palais dans l’enceinte de la ville, à y résider annuellement pendant un nombre déterminé de mois ; en temps de guerre, la durée de son séjour était doublée ; on tenait à observer de près ce roitelet de la campagne, à l’avoir sous la main, à s’assurer de sa personne, de sa famille, dans le cas où il voudrait revenir à ses alliances d’autrefois avec les villes rivales ou avec la réaction impériale ou pontificale. De son côté il se résignait à accepter le titre de citoyen et à prendre en bonne part toutes les avanies civiques et consulaires.

Ce titre, ces avanies, aux formes respectueuses, étaient encore une garantie sans laquelle il se serait trouvé au ban de toutes les communes, harcelé sans cesse par la guerre consulaire, entièrement spolié et au reste oublié de l’empire. Que s’il ne devenait pas citoyen par force, dans la ville qui le subjugait, il le devenait par amour dans la ville rivale qui lui permettait de prolonger la résistance : à droite ou à gauche, partout la déroute, l’alliance, la naturalisation l’attendaient comme la fin dernière de la vie de châtelain. » (pp. 248-249) Constance de Sicile, en épousant l’empereur Henry VI, naturalise d’emblée tous les châtelains du royaume. —



Les châtelains naturalisés et déportés de vive force au cœur de la ville se vengent en construisant des forteresses intétérieures et recommencent un combat qui ne peut plus finir. — « Vaincus en rois de la campagne, les châtelains passent les portes de la ville en grands personnages, et presque en vainqueurs. » (p. 254) « Pour eux, les consuls, le gouvernement, les emplois, les palais, l’hôtel de ville ne sont que des moyens, des armes, des tranchées, des fosés qu’on peut prendre ou détruire, défendre ou attaquer, suivant que l’exigent les circonstances du combat : ils préféreront toujours la démolition de la ville à leur propre défaite. » (p. 255) « La nouvelle lutte intérieure est aveugle et sans issue, comme la guerre municipale.

Auparavant, les citoyens pouvaient toujours compter sur la destruction des châteaux ; l’irradiation du centre, protégé par les lois de la guerre, leur assurait la victoire sur les bâtisses inorganiques de la campagne. Mais cette fois il s’agit de combattre l’influence de la richesse […] (p. 255) « L’impossibilité économique de l’issue se reproduit dans le droit ; les communes ne peuvent pas espérer de supprimer la féodalité impériale ; […] les châtelains naturalisés ne peuvent espérer à leur tour, d’anéantir le commerce, l’industrie, la liberté des communes dont les titres juridiques tiennent à l’empire autant que ceux des duchés et des comtes. » (p. 256)
Guerre civile de Gênes, — de Florence, 1170 : les Uberti, plus puissante famille de Florence, fait la guerre aux consuls, qui sont les seigneurs, pendant deux ans. 1184 : Barberousse rend les châteaux aux châtelains sans que Florence ne résiste ; mais à sa mort, l’inverse se produit. 1215 : Frédéric II est élu ; Buondelmonte de Buondelmonti est tué par les Uberti ; le camp du premier est composé des classes nouvelles (marchands, etc.) le camp des seconds représente la vieille aristocratie. — de Pistoie, — de Milan. — Massacres de Brescia. — Malheures de Padoue.

Progrès général de la démocratie et de l’anarchie. — En résumé. À la période de la conquête des châteaux succède la période de la guerre entre citoyens et concitoyens. Les châtelains faits concitoyens organisent l’insurrection d’esprit féodal au sein même de la ville, en se fondant sur les moyens nouveaux qu’ils y acquièrent, l'argent notamment. C’est la guerre permanente. « La guerre sociale est le nouveau stratum volcanique sur lequel marcheront désormais tous les héros de l’Italie. » (p. 299)


Chapitre IV — Le podestat


Les villes libres s’aperçoivent que les consuls ne suffisent plus à réprimer les troubles, Les conflits ne sont pas d’ordre juridique, ils ne concernent pas les institutions que tel parti voudrait supplanter par d’autres qui lui conviendraient davantage : la forme de la commune sied aux citoyens comme aux concitoyens. C’est en fait une guerre politique, une guerre d’influence, nourrie par les nouveaux rapports de forces institués par la circulation de l’argent dans la commune.

C’est au temps de Barberousse que le podestat s’impose comme forme nouvelle de gouvernement : cette fonction doit alors être assurée par un homme dont l’origine étrangère est un gage d’impartialité ; il est homme de loi et homme de gouvernement tout à la fois ; son autorité est reconnue par les citoyens et les concitoyens. Il exerce également les fonctions diplomatiques et militaires suprêmes.

Le despotat est nommé pour un an. Ce n’est pas une dictature au sens moderne, mais plutôt au sens antique. On fait appel à lui pour rétablir l’ordre en une courte durée, et pour ce faire il n’a même pas tous les droits. La commune, le peuple tout entier est jaloux de ses libertés. Son gouvernement est donc soumis à de multiples contraintes, aussi bien matérielles que juridiques. « En un mot, c’était un despote enchaîné » (p. 306) — qu’il faut créer un nouveau gouvernement, — et confier la dictature à un magistrat à la fois juge et capitaine. — Despotisme annuel du podestat. — Précautions du peuple qui surveille son despote. — L’avènement du podestat à Gênes, — à Milan, — à Crémone, — à Bologne, — à Plaisance. — Toutes les villes présentent les mêmes phénomènes : 1) de la division entre citoyens et concitoyens 2) des troubles à la fin de chaque mandat annuel du podestat, 3) le podestat est le pont entre les deux camps, car il tient à la fois de l’un et de l’autre, 4) les trêves à l’origine desquelles sont les hommes d’Église ne sont pas de véritables trêves, elles sont particulièrement instables, 5) la guerre civile est rejouée tous les cinq ou tous les dix ans, à chaque génération 6) le podestat est le remède que l’anarchie des communes a fabriqué pour elle-même, 7) « pour devenir ridicule quand il a fait son temps »



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