<
>

II-Benedict Anderson


Dans les discours dominant, on a tendance à considérer que mondialisation et État-nation sont liés par un rapport inverse. Or, la mondialisation c'est aussi la mondialisation de la forme État-nation.

Benedict Anderson = politologue spécialisé dans la question de l'Asie, a travaillé sur le nationalisme (attention ! Pas de sens péjoratif du terme nationalisme chez lui)


Anderson va inaugurer sa réflexion sur le nationalisme qui est au début de son œuvre.

Anderson constate que de nouvelles nations se créent chaque année ex: Sud-Soudan il y a 6 mois, mais avant éclatement du bloc soviétique. Donc, des régions du monde qui jusque-là n'avaient pas été réorganisées continuent ou commencent à se « nationaliser Â»

Anderson fait un deuxième constat: à l'intérieur des vieilles nations, des processus de revendications émergent alors que l'on considérait ces vieilles nations comme des nations fixes. Mouvements de revendications de population ou sous-populations qui aspirent à devenir autonomes. Ces populations prétendent constituer des peuples à part entière avec parfois langue, religion, culture séparée et demandent à être reconnues comme autonomes par la communauté autonome

« Dans la vie politique de notre temps, il n'est de valeur politique plus universellement légitime que la nation Â» ce qui veut dire que nous vivons encore très largement à l'âge des nationalismes. L' Etat-nation et sa diffusion est la valeur politique la plus légitime.

L'objectif d'Anderson = essayer de comprendre pourquoi l'Etat-nation a eu une telle puissance, a été un tel facteur de mobilisation collective au cours des derniers siècles ? « pourquoi tant de gens ont-ils été disposé non seulement à tuer mais aussi à mourir Â» pour l'Etat-nation ? Pourquoi la nation a réussi à battre tous les autres idéaux politiques (en particulier les principaux que sont le socialisme qui repose sur le principe de classe et le libéralisme qui repose sur le cosmopolitisme, sur les droits des gens).

1983 : L’imaginaire national : réflexion sur l’essence de du nationalisme :

trois choses : la forme Etat-nation continue de proliférer + dans les vieilles nations, des parties ou des régions de ces nations essayent d’accéder à l’ind en prétendant posséder des valeurs, des principes ou des langues qui leur permettent de revendiquer leur autonomie + dans un sens normatif, aujourd’hui il y a plein de principes qui sont en concurrence (Droits de l’Homme, citoyenneté internationale, etc) mais celle qui requiert le plus de plébiscite et de puissance mobilisatrice c’est l’Etat-nation.

Anderson va se demander quand l’idée de nation émerge : difficile d’en dater l’émergence avec débat entre spécialiste pour savoir quand nait l’Etat nation. Certains Etats revendiquent cette forme, dans leur histoire collective, depuis la nuit des temps => permet d’assoir leur légitimité. Pb qui se pose des gens qui n’ont pas de nations (Juifs, Arméniens, etc).

Postulat : les nations sont beaucoup plus jeunes que ce qu’elles affirment dans leur histoire.

Pour Anderson mais aussi pour d’autres, l’Etat nation est un phénomène moderne. Une date qui est utilisée c’est la Révolution française avec idée d’une langue commune, un destin politique commun (donc idée de peuple), d’un territoire qui est limité géographiquement. Donc les éléments que l’on utilise pour définir ce qu’on appelle une nation.

Bien sûr, certaines caractéristiques peuvent remonter à plus loin, mais c’est la Révolution Française qui fixe le tout.

Une des idées importantes qui est contenue dans cette idée moderne de nation c’est que les élites qui dirigent une nation sont issues du pays lui-même, c’est-à-dire formation endogène des élites. Ça ne veut pas forcément dire que ces élites sont arrivées au pouvoir démocratiquement. Avant la Révolution Française, càd avant émergence de l’idée d’Etat nation moderne, les monarchies étaient internationales, les dynasties n’étaient pas originaires du pays.

Ex : Empire Britannique depuis le 11ème n’a jamais été dirigé par des Britanniques

Donc avant la Révo. Française, les élites n’étaient suscitées de manière endogène par le pays lui-même.

Idée de la nation et de l’Etat ensemble = création européenne.

Pk ça se diffuse aussi bien ? Parce que ça entre en résonnance avec les formes impériales.


Deuxième série d’évènements = mouvement des indépendances en Amérique Latine dont la figure qui est souvent nommée c’est Simon Bolivar au 19ème siècle. Que s’est-il passé ? les différentes régions du continent américain était sous la domination d’empire européens notamment Espagne mais aussi Portugal. Mouvement de libération a été conduit par ceux que l’on appelle un créole c’est-à-dire un descendant d’Européen de première génération a ne pas être né en Europe donc pas un métisse (mais dans le sens moderne, ce sont les métisses).

Les créoles ont menés une fronde révolutionnaire. Pk ces indépendances-là ont donné le coup d’envoi à l’émergence du nationalisme moderne ? pk cela a contribué à la diffusion de l’Etat nation à l’échelle planétaire ? Car c’est un mouvement qui expulse des gens qui vivaient là,. Cette idée de désigner un ennemi comme l’occupant et de se soulever contre cet ennemi en construisant sa propre identité nationale, c’est cela qui va soutenir les mouvements de libération national et de la souveraineté.

Le cas des USA est emblématique car lutte contre le terrorisme correspond à cette désignation systématique d’un ennemi.


Romantisme = mouvement qui nait au tout début du 18ème s en Allemagne mais aussi en France et plus tard au UK, et qui est une réaction politique, philo, artistique, aux idées des Lumières. On trouve des gens comme Herder, Goethe, Chateaubriand. Mouvement qui est diffus et qui contient parfois des contradictions. Deux aspects importants du romantisme à relever : importance particulière à la langue, au langage comme expression ou comme vecteur de l’identité nationale.

Cette idée que la nation qui est la nôtre nous donne nos traits de caractéristiques fondamentaux, cette idée vient du romantisme.

Sous l’Ancien Régime, les caractéristiques que l’on attribuait à quelqu’un venaient de la caste sociale ou de la classe sociale.


Pb extrêmement épineux de la définition de la nation. Benedict Anderson en a proposé une mais qui est très critiquée « une nation est une communauté politique imaginaire et imaginé comme intrinsèquement limité et souveraine Â»

Quatre éléments importants

            -mot « imaginaire Â» ou « imaginé Â» : car les membre des nations, même des plus petites n’auront jamais l’opportunité de connaitre en face à face la plupart de leurs concitoyens. Absence totale , de rapports réels et d’interactions directes entre l’écrasante majorité des gens d’une nation, cependant, dans l’esprit de chacun d’eux se trouve une image ou une reproduction de leur communion, ils s’imaginent entretenir un certain rapport.

Cela laisse croire que qqch les distinguent par rapport aux autres et les réunit entre eux. « Le nationalisme n’est pas l’éveil à la conscience des nations, il invente les nations là où il n’en existe pas Â». La plupart des analystes considèrent qu’il existe une communauté nationale et progressivement, les gens d’une communauté prennent conscience d’appartenir à une communauté.


Le constructivisme : les principes et les représentations humaines construisent une réalité. L’un des courants qui est le plus influents ex : Latour, etc


            -nation est une communauté imaginaire et imaginé. Malgré existence de fluctuations territoriales, toutes les nations se vivent comme étant limitées. Constat qui est très important : jamais aucune nation ne s’est vécue comme extensive à l’humanité entière, c’est-à-dire que l’ensemble des habitants de la planète soit inclus en elle.

Il faut toujours un extérieur à la nation pour que la nation existe. L’existence d’un « au-delà Â» est une condition nécessaire à l’existence de la nation. Par opposition, on peut parler du catholicisme qui se veut coextensive. Toute identité nationale se construit sur une certaine dose d’exclusion (pas forcement au sens péjoratif).

-qu'est ce qui précède la souveraineté moderne ? Qu'est ce qui précède la souveraineté moderne ? Un ordre politique monarchique de droit divin. Ordre qui était fondamentalement basé sur le droit divin. Le monarque tire sa légitimité de Dieu, c'est une légitimité transcendante. La notion de souveraineté apparaît lorsque cet ordre divin entre en crise c'est à dire au moment de la sécularisation = dissociation progressive de la sphère religieuse et politique.

La souveraineté politique est un principe immanent c'est à dire que le principe de légitimité de l'ordee politique est interne au système considéré.

-la souveraineté n'implique pas nécessairement la démocratie. En ce sens, la notion de souveraineté ne définit pas le type de régime politique en vigueur dans une nation. Une nation souveraine est une nation qui est libre et indépendante par rapport à ce qu'il y a autour. Un pays peut être démocratique et occupé, mais aussi souverain et dictatorial.

Deux autres groupes sociaux sont venus se superposer aux communautés nationales : les communautés religieuses et les classes sociales. Depuis toujours, les nations sont constituées de populations qui sont hétérogènes culturellement, socialement, etc. Il y a dans chaque nation des fidèles de chaque religion. Il existe aussi des représentants de toutes les classes sociales.

Or, être nationaliste c'est à dire souscrire à l'imaginaire national au sens d'Anderson c'est croire qu'appartenir à une nation est plus important que d'être un représentant de telle classe sociale ou de telle religion. Pour un nationaliste, un ouvrier français et un patron français ont plus en commun qu'un ouvrier français et un ouvrier allemand. On voit pourquoi les mouvements nationalistes ont beaucoup insistés sur les possibles divisions au sein de la nation.

Quelles sont les deux principales idéologies modernes ? Le socialisme et le libéralisme. Ce sont des idéologies qui sont opposées entres elles, notamment par leur gestion de l'économie. Mais malgré toutes leurs différences, le socialisme et le libéralisme se sont tous deux au nationalisme à l'époque moderne. Et ils se sont opposés au nationalisme pour des raisons analogues et comparables.

La principale raison : ce sont des idéologies qui transcendent les frontières nationales, elles se vivent comme illimitées (pour le libéralisme on appelle ça le cosmopolitisme et pour le socialisme c'est l'internationalisme). Du point de vue du socialisme: quand Marx et Engels publie en 1848 le Manifeste du Parti Communiste : entre un ouvrier allemand et un ouvrier français, il y a tout en commun. L'idéologie nationaliste est une idéologie fallacieuse qui passe son temps à diviser la classe ouvrière alors que pour les socialistes la solidarité est conçue de manière horizontale alors que le nationalisme se conçoit de manière verticale.

En quoi le libéralisme est lui aussi internationaliste ? Car libre échange, car prône la libre circulation des biens et des personnes. Cela suppose aussi que la notion de communauté soit étendue à la nation entière (ex: DDHC). Le libéralisme comporte un versant politique et un versant économique qui sont liés l'un à l'autre. Dans le domaine politique, importance du contrôle social minimal c'est à dire le respect aussi grand que possible de la liberté individuelle.

Dans le domaine économique, les libéraux sont défavorables à l'intrusion de l'Etat dans le processus de production-distribution. Il n'y a pas de limite à l'expansion pratique de la circulation des biens et des personnes. Le marché est presque par définition universaliste: tout ce qu'il faut c'est une offre et une demande, qu'elle que soit le lieu où la nationalité du gars qui vend. (Simmel: une des conditions de cet universalisme c'est l'argent car c'est l'argent qui permet d'échanger tout contre tout, de créer un dénominateur commun à une grande variété de bien).

Le nationalisme a donc eu à faire face à une concurrence très rude. L'ensemble des batailles idéologiques pourrait être résumée par les trois idéologies : nationalisme, socialisme et libéralisme. Pour Anderson, le nationalisme est le grand vainqueur de cette bataille idéologique. Pour Anderson, nous vivons encore à l'âge du nationalisme et des nations. La mondialisation a juste affaibli certaines prérogatives des nations mais d'autres ont été renforcées.

Par exemple, on a toujours dit que les multinationales dominaient le monde mais en fait, elles ont encore un siège social dans un pays et cela change considérablement leur stratégie.

Donc la question que va se poser Anderson = pourquoi ? Pourquoi la nationalisme a été vainqueur face à toutes les idéologies ? Pourquoi le choix de la nation plutôt que celui de la communauté ou du cosmopolitisme ?

-Anderson dit qu'il y a une coïncidence entre la montée du nationalisme et le processus de sécularisation ( = reflux de la pensée religieuse dans la sphère privée, c'est le « désenchantement du monde Â»). Ce que dit Anderson c'est que la religion avait pour fonction de donner des réponses à des phénomènes qui sans elle, paraitraient absurdes (maladie, mort, misère, etc).

Or avec la sécularisation, les réponses disparaissent mais les questions qui avaient permis l'émergence de la religion sont encore là (on continue de mourir ou de tomber malade). Donc il faut un truc pour remplacer la religion. Mais Anderson ne dit pas que le nationalisme est un équivalent fonctionnel de la religion. Pour Anderson, le nationalisme est le plus à même de remplir les fonctions qu'exerçaient le sentiment religieux avant le processus de sécularisation.

Cette essentialisation de la nation va lui conférer un sens de la continuité, ça va permettre d'inscrire les destins des individus qui sont limités et finis dans un destin plus vaste, infini et éternel. L'un des éléments qui expliquent le succès du nationalisme est qu'il répond en partie au moins à la question du « sens de la vie Â».



| | | | |
Tausche dein Hausarbeiten